Dans un monde où la durabilité est devenue une priorité, le secteur de la construction est confronté à un défi majeur : comment réduire l’impact environnemental tout en répondant aux besoins croissants en infrastructures ? Le réemploi des matériaux se présente alors comme une solution prometteuse. Il offre une opportunité de transformer l’industrie de la construction en un modèle de durabilité et d’efficacité.
Contexte et objectifs du secteur de la construction
Contexte
Le secteur de la construction est l’un des plus gros producteurs de déchets dans le monde. Selon les données de l’ADEME, il est responsable d’environ 40 % des déchets produits annuellement en France. Il existe au total 3 types de déchets de construction différents :
- Les déchets inertes : ne subissent aucune modification physique, chimique ou biologique significative. Ils ne se décomposent pas, ne brûlent pas et ne produisent aucune réaction physique ou chimique qui nuira à l’environnement ou à la santé humaine. Exemples : béton, briques, tuiles,…
- Les déchets non-inertes : susceptibles de subir des transformations physiques, chimiques ou biologiques. Ils peuvent présenter des risques pour l’environnement ou la santé humaine s’ils ne sont pas gérés correctement. Exemples : matériaux composites, plastiques, isolants,…
- Les déchets dangereux : risque pour la santé humaine ou l’environnement. Ils nécessitent un traitement et une élimination spéciale pour éviter les risques de contamination ou d’autres dommages. Exemples : peintures, solvants, lubrifiants, …
Toujours selon les études, on apprend que le taux de valorisation de ces déchets atteint les 70 %. Pour autant, il existe un déséquilibre important puisque les déchets inertes ne sont recyclés qu’à 30 % et les déchets dangereux qu’à 25 %. On distingue alors ces déchets dans deux catégories supplémentaires pour améliorer leur prise en charge par les éco-organismes (Ecominero, Ecomaison, Valdelia et Valobat). La catégorie 1, plus facile à prendre en charge, comprend les déchets inertes. La catégorie 2, donc plus complexe, comprend les déchets non-inertes et dangereux. Fâce à cette difficulté de valorisation pour certains types de déchets, la réutilisation des matériaux de démolition apparaît alors comme une solution prometteuse.
Les avantages du réemploi
L’Ademe définit le réemploi comme étant « l’opération par laquelle un produit est donné ou vendu par son propriétaire initial à un tiers qui, a priori, lui donnera une seconde vie ». Contrairement à la réutilisation qui fait passer un matériau par le statut de déchet avant de l’utiliser à nouveau, le réemploi permet la réutilisation d’un matériau dans sa forme actuelle sans besoin de changer son statut. Le réemploi est alors un puissant levier pour la réduction de l’empreinte écologique du secteur de la construction. Cette pratique diminue drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, souvent associées à la production de matériaux neufs, et limite la consommation énergétique en réduisant le besoin de processus industriels intensifs. Par exemple, l’acier réemployé économise environ 75 % de l’énergie nécessaire à la production d’acier neuf (World Steel Association).
Objectifs du réemploi des matériaux
En plus des objectifs de recyclage de la filière, la REP PMCB a permis de cibler certains objectifs pour le réemploi. Ainsi, 2 % de produits/matériaux du bâtiment usagés doivent faire l’objet de réemploi d’ici fin 2024, 4 % d’ici 2027 et 5 % d’ici 2028. En 2021, le réemploi ne représentait que 1 % des produits sur le marché de la construction. On pourrait croire que l’évolution n’est que peu signifiante, mais comparé au tonnage de matériaux utilisé chaque année, cela représente déjà un bon départ. Pour exemple, l’Ademe estimait en 2015 que la consommation de matériaux uniquement pour la construction neuve était de 51 millions de tonnes. 1% serait donc 510 000 kg de matériaux réemployés, 2 % = 1 020 000 tonnes, 4 % = 2 040 000 tonnes et 5 % = 2 550 000 tonnes. On espère alors que ces objectifs seront atteints et que le réemploi devienne petit à petit matière courant dans le secteur de la construction.
Comment mettre en place un réemploi des matériaux efficace ?
Étapes principales
Plusieurs étapes permettent d’assurer une utilisation efficace des matériaux réemployés. Tout d’abord, il faut identifier et trier les matériaux selon leur catégorie (1 ou 2). Ensuite, on évaluera la qualité du produit en fonction de sa qualité, de sa robustesse et de son potentiel de réemploi (facilement réemployable ou pas). Si le matériau est valable, on le nettoiera avant de le stocker au sein de sites spéciaux. Enfin, il sera disponible à l’achat sur une plateforme mettant en relation des clients.
Quelques entreprises du réemploi
Suivant ces étapes, des entreprises et des associations se sont spécialisées pour permettre le développement du réemploi dans le secteur de la construction. Voici une liste non-exhaustive de certaines solutions :
- Opalis : recense les fournisseurs de réemploi de matériaux en France, au Luxembourg, en Belgique et aux Pays-Bas.
- R-Aedificare : coopérative spécialisée dans la rénovation et la construction durable.
- Mobius : étude de vie d’un chantier pour une mise en réemploi concrète.
- Réemployez.fr : réemploi de matériaux dans le Grand-Est.
- Cycle-up : vend des matériaux de construction.
- Baticycle : propose des produits de réemploi à l’achat.
- Bellastock : coopérative qui accompagne vers le réemploi.
- Backacia : achat et vente de matériaux de construction réemployés.
- Enfin réemploi : filière de réemploi de matériaux de construction en Savoie.
- Matière grise : association dédiée à la promotion du réemploi des matériaux dans le secteur du bâtiment.
Mise en place
En suivant les étapes de réemploi citées au-dessus, on est donc capable de réemployer presque tout type de matériaux. Aussi bien des portes, que des tuiles, des pavés, des fenêtres, des carrelages ou encore des parquets. Certains produits peuvent alors être plus complexes que d’autres. Le but étant de démonter toutes les pièces minutieusement et de les annoter pour s’y retrouver en vue du réemploi. On retrouvera donc des produits de qualité encore utilisables à un prix compétitif face au neuf. Si certains peuvent être sceptiques d’utiliser le réemploi pour leur bien personnel, le réemploi est parfaitement adapté aux bureaux professionnels. Voici une présentation concrète du réemploi.
Le réemploi des matériaux du bâtiment est donc aujourd’hui une véritable alternative durable pour lutter contre la quantité astronomique de déchets créée chaque année. Toutefois, lorsque le réemploi ne sera pas possible, il ne faudra pas oublier le recyclage de ces déchets. Développer un mix entre réemploi et recyclage permettra alors aux professionnels de réduire considérablement l’empreinte environnementale du secteur.
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Sources :