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Réemploi des emballages : quel potentiel selon les secteurs ?

14 février 2024

C’est alarmant, selon Eurostat, chaque habitant de l’Union européenne a produit en moyenne 188,7 kg de déchets d’emballages en 2021. Ce qui fait une augmentation de pas moins de 10,8 kg en plus par personne par rapport à 2020. Afin d’enrayer la courbe prise, l’ADEME a décidé d’agir et d’opter pour le réemploi des emballages dans de nombreux secteurs. On retrouve ainsi une étude réalisée en septembre 2023 sur les potentiels de développement du réemploi des emballages par secteur. Urbyn vous présente aujourd’hui les caractéristiques de l’étude et les différents secteurs visés.

Quel contexte pour le réemploi des emballages ?

Définition et portée du réemploi

De nos jours, les emballages sont devenus essentiels pour garantir la qualité et la sécurité d’un produit durant tout son cycle de vie. Même si de plus en plus d’emballages sont fabriqués à partir de matières recyclées, des évolutions dans tous les secteurs sont tout de même réalisables. Alors, l’ADEME a réalisé une étude en se penchant particulièrement sur le réemploi, l’un des points de la stratégie des 3R (réduction, réemploi, recyclage). Conjointement à la loi AGEC, l’objectif de l’étude est alors d’identifier les potentiels développement du réemploi selon les différents secteurs. Les résultats dépendront de la maturité des marchés et du niveau de priorité. Les minimums attendus sont donc un réemploi de 5% d’emballages à usage unique en 2023 (les chiffres seront publiés durant 2024) et 10% en 2027.

Selon CITEO, le réemploi des emballages est donc « un système dans lequel les emballages ont été conçus et mis sur le marché pour pouvoir être utilisés plusieurs fois et pour un usage identique à celui pour lequel ils ont été conçus ». Une introspection sur la conception, les usages et le stockage permettront ainsi aux filières d’agir concrètement pour l’environnement. Pour exemple, réutiliser les bouteilles en verre pour les boissons réduit la nécessité de produire de nouvelles bouteilles, ce qui permet d’économiser de multiples ressources. Le réemploi de tous les emballages présente alors des défis majeurs, mais non pas atteignables qui nous permettraient de réduire nos déchets, tout en optimisant nos ressources.

Les 3 types d’emballages concernés, l’ACV et le PEF

Les emballages primaires sont en contacts directs avec le produit. Ils sont donc cruciaux pour identifier le produit, le protéger et participer à sa conservation. On peut nommer les bouteilles pour les boissons, les barquettes pour aliments, ou encore des tubes pour les crèmes.

Les emballages secondaires regroupent un ou plusieurs emballages primaires. Ils facilitent le transport, la manutention et la vente des produits. On retrouve des boites en carton, des packs de yaourts/canettes, des sacs, etc…

Les emballages tertiaires devront principalement protéger les produits des chocs et aléas durant le transport. Ceux-ci sont des palettes ou des caisses qui servent durant les expéditions.

Agir sur chacun de ces emballages permettrait alors de maximiser les chances de réussite du réemploi au niveau global. Le but étant d’opérer du début de la chaîne de vie des emballages, au niveau des fabricants, jusqu’à la commercialisation des produits et leur fin de vie. On retrouve alors un document qui nous présente l’analyse de cycle de vie des produits d’emballages.

L’Analyse du Cycle de Vie (ACV) est une méthode d’évaluation quantitative des impacts environnementaux qui sont associés au cycle de vie (de la production à la gestion des déchets) d’un produit ou d’un service. Elle se base sur des critères tels que l’extraction et l’approvisionnement des matières premières, la fabrication des emballages, la distribution ou encore le traitement du déchet en fin de vie. En l’occurrence, le cadre de références comparatif entre différentes solutions d’emballages, sur lequel s’appuie l’ACV, nous annonce qu « une modification de l’un de ces niveaux d’emballage (primaire, secondaire ou tertiaire) peut amener une évolution des autres niveaux et conduire à des transferts d’impact. Ensuite, l’évaluation des produits se réalisera grâce au référentiel européen Product Environnemental Footprint (PEF). Ce dernier permettra une étude d’impact pour chaque produit selon des critères tels que le changement climatique, l’épuisement des ressources, la toxicité humaine, les particules fines, ….

réemploi emballages

Quels sont les objectifs visés par le réemploi des emballages ?

Sur la base d’une enquête statistique, l’ADEME retient certains critères permettant de visualiser le potentiel des secteurs. Ces critères sont alors catégorisés comme ayant un faible potentiel de progression (0 à 10%), un potentiel moyen (11 à 35%)  ou un fort potentiel (36 à 86% et plus).

Les 8 secteurs étudiés et potentiels de réemploi à horizon 2027 en B to C

On distingue 3 modalités au sein du réemploi B to C : les modalités de vente (produits pré-emballés, emballages de transport, ect), les modalités de réemploi (réemploi consommateur ou professionnel) et les modalités de retour (retour avec incitation et retour sans incitation). Elles sont donc appliquées à différents secteurs :

  • alimentaire frais non transformé : fruits et légumes (50-80%), oeufs (5-10%), charcuterie (1-5%), poissons (1-5%), viandes (1-5%)
  • alimentaire frais transformé : boulangerie/patisserie (10-15%), produits laitiers frais (5-10%), produits laitiers non frais (5-10%), traiteurs frais (5-10%), 4e gamme (1-5%), surgelés (0-1%)
  • autres non alimentaires : colis de livraison (10-15%), bricolage/jardin (1-5%), textiles (1-5%), équipements électriques et électroniques (1-5%), jouets et articles de puériculture (1-5%), mobilier (1-5%), produits pharmaceutiques (0-1%), tabac (0-1%)
  • boissons : bières et cidres en CHR (>80%), boissons rafraîchissantes en CHR (>80%), boissons eaux en CHR (>80%), boissons jus de fruits en CHR (>80%), boissons bières et cidres (25-35%), boissons rafraîchissantes (5-10%), jus de fruit (5-10%), vins (5-10%), eaux plates et gazeuses (1-5%), lait (1-5%), spiritueux (1-5%)
  • epicerie : riz/pâtes/légumes secs (15–25%), céréales/biscuits (10-15%), café/thé/chocolat (10-15%), compotes/confitures (10-15%), confiserie (10-15%), aliments conservés (5-10%), apéritifs/snacks (5-10%), huiles/vinaigres/condiments (5-10%), soupes/potages (5-10%), aliments pour animaux familiers (1-5%), sucre/farine (1-5%), produits de nutrition spécialisée (0-1%)
  • hygiène / beauté (10-15%)
  • hygiène et entretien : produits d’hygiène et d’entretien (10-15%), produits chimiques pour bricolage/jardinage/automobile (1-5%)
  • restauration : restauration collective (50-80%), restauration commerciale thématique (10-15%), restauration rapide (10-15%)

Prenons un exemple rapide. La consommation de vin en France était de 3,7 milliards en 2019. Avec un objectif de réemploi d’environ 7,5% en 2027, cela représente 262,5 millions de bouteilles. Ce qui, ajouté à la stratégie des 3R, dénote un véritable tournant dans les déchets des emballages.

Potentiels de réemploi des emballages à moyen-long terme en B to C

L’ADEME a également étudié des prévisions à moyen-long terme pour ces différents secteurs :

  • alimentaire frais non transformé : fruits et légumes (>80%), oeufs (10-15%), charcuterie (10-15%), poissons (10-15%), viandes (10-15%)
  • alimentaire frais transformé : boulangerie/patisserie (25-35%), produits laitiers frais (10-15%), produits laitiers non frais (15-25%), traiteurs frais (15-25%), 4e gamme (5-10%), surgelés (1-5%)
  • autres non alimentaires : colis de livraison (25-35%), bricolage/jardin (5-10%), textiles (5-10%), équipements électriques et électroniques (1-5%), jouets et articles de puériculture (1-5%), mobilier (1-5%), produits pharmaceutiques (0-1%), tabac (1-5%)
  • boissons : bières et cidres en CHR (>80%), boissons rafraîchissantes en CHR (>80%), boissons eaux en CHR (>80%), boissons jus de fruits en CHR (>80%), boissons bières et cidres (50-80%), boissons rafraîchissantes (35-50%), jus de fruit (10-15%), vins (15-25%), eaux plates et gazeuses (25-35%), lait (1-5%), spiritueux (5-10%)
  • epicerie : riz/pâtes/légumes secs (50–80%), céréales/biscuits (35-50%), café/thé/chocolat (35-50%), compotes/confitures (25-35%), confiserie (35-50%), aliments conservés (15-25%), apéritifs/snacks (10-15%), huiles/vinaigres/condiments (25-35%), soupes/potages (15-25%), aliments pour animaux familiers (5-10%), sucre/farine (5-10%), produits de nutrition spécialisée (1-5%)
  • hygiène / beauté (15-25%)
  • hygiène et entretien : produits d’hygiène et d’entretien (15-25%), produits chimiques pour bricolage/jardinage/automobile (5-10%)
  • restauration : restauration collective (>80%), restauration commerciale thématique (25-35%), restauration rapide (25-35%)

Si nous reprenons notre exemple précédent, la quantité de bouteilles de vins réemployée sera ici de 700 millions.

Potentiels de réemploi à moyen-long terme en B to B

Le potentiel de réemploi du B to B se distingue du B to C de par son évaluation. En effet, ici on prendra en compte les emballages directement, et non pas des sous-secteurs comme vu auparavant. Voici donc les catégories :

  • papier-carton : caisses (15-25%), caisses-palettes/palettes (15-25%), emballages de séparation (5-10%)
  • acier : IBC 3 (>80%), tonnelets (50-80%), fûts (50-80%), bouteilles de gaz (hors analyse)
  • plastique : palettes (>80%), bac/caisse (50-80%), fûts/bonbonnes/bouteilles/flacon >2L (35-50%), bidons et seaux (25-35%), GRVS (25-35%), emballages de séparation (5-10%), housses/filets/sangles réutilisable pour la palettisation (1-5%), IBC (pas de données fiables)
  • bois : palettes/caisses-palettes (>80%), caisse en bois (35-50%)

Conformément à la REP DEIC, on retrouve différentes modalités de réemploi pour ces secteurs B to B. On distingue donc les emballages en navette, les emballages réemployés en boucle fermée, les emballages remployés en boucle ouverte, les emballages réemployés via un gestionnaire et les emballages avec un élément à usage unique.

Enfin, il existe évidemment certains freins à l’expansion du réemploi. Qu’ils soient logistiques, réglementaires, financiers, etc, ces freins empêcheront dans certains cas d’atteindre les objectifs visés. Pour autant, il ne faut pas oublier que cette étude ne prend uniquement en compte que le réemploi. Au final, le réemploi couplé à la réduction des déchets et à l’augmentation des taux de recyclage sera forcément bénéfique pour notre environnement et l’économie circulaire.

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Sources :