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Mode : nouvelles réglementations et innovations durables

12 mars 2024

Selon le Parlement européen, la consommation de textile par personne en moyenne nécessitait 400 m³ de terrains, 9 m³ d’eau et 391 kg de matières premières en 2020. Ce qui aura généré une empreinte carbone d’environ 270 kg. Avec le BTP, le secteur de la mode est l’un des plus polluants au monde. Depuis peu, la France contraint donc les acteurs de la mode à être de plus en plus transparent, en plus de la nouvelle directive CSRD. Éco-score, nouvelles réglementations, recyclage textile, Urbyn fait le point sur les dernières avancées du secteur.

La mode : l’un des secteurs les plus pollueurs au monde

Un secteur dangereux pour l’environnement

L’industrie de la mode, plus particulièrement la fast fashion qui a réalisé 99,23 milliards de revenus en 2022 mais pas que, exerce une pression considérable sur l’environnement. Les cycles de production sont plus rapides qu’ils ne l’ont jamais été et la consommation de masse ne fait qu’enfoncer le clou. Selon Statista, la marque Shein a commercialisé 314 877 collections différentes aux États-Unis en 2022. Pesant par la même occasion un total de 12 % des revenus de la mode en France la même année. La production des textiles impacte alors nos ressources en eau, génère énormément d’émissions de CO2, utilise du pétrole pour la fabrication de fibres synthétiques, libère des microparticules de plastique dans l’environnement, … La liste est malheureusement encore longue. Par ailleurs, un Français achète en moyenne 9,5 kg de textiles et chaussures par an pour seulement n’en trier que 3,4 kg.

Pour remédier au gaspillage de l’industrie, l’État français a mis en place de nouvelles réglementations restreignant petit à petit les activités des plus gros producteurs de textiles sur notre territoire. Depuis 2009, la REP TLC (textile, linges de maison et chaussures) est donc en place en France. L’objectif étant de promouvoir l’éco-conception des produits, la prévention des déchets et l’allongement de l’usage des produits.  Le principe de pollueur-payeur intervient alors sur l’ensemble du cycle de vie des produits du textile. Ici, l’éco-organisme en charge de la filière est Refashion qui assure le bon déploiement de la filière. La REP fut d’ailleurs mise à jour récemment pour obtenir de nouveaux objectifs pour la période 2023 – 2028. Au programme : concevoir des textiles plus durables, développer le réemploi, favoriser la réparation, mieux collecter les textiles usagés, …

Le nouveau décret

Conjointement à ces nouveaux objectifs, on retrouve également un nouveau décret, n°2022-748. Celui-ci est relatif à « l’information du consommateur sur les qualités et caractéristiques environnementales des produits générateurs de déchets ». Depuis le 1er janvier 2023, les entreprises de textiles doivent fournir des informations précises sur la recyclabilité, la composition en matières recyclées, et la traçabilité des textiles et chaussures. De même, il est maintenant interdit d’utiliser des termes comme « biodégradable » ou « respectueux de l’environnement » sur des produits neufs pour éviter le greenwashing. Il est aussi obligatoire de présenter sur la fiche produit du textile le pays dans lequel le tissage, la teinture/impression et la confection ont été effectués. Voici donc les entreprises concernées par ces nouvelles réglementations :

Année
Conditions
1er janvier 2023
Entreprises réalisant plus de 50 millions d'euros
de CA et qui commercialisent au moins 25 000 produits en France
1er janvier 2024
Entreprises réalisant plus de 20 millions d'euros
de CA et qui commercialisent au moins 10 000 produits en France
1er janvier 2025
Entreprises réalisant plus de 10 millions d'euros
de CA et qui commercialisent au moins 10 000 produits en France

Introduction d’un éco-score

L’éco-score est une nouvelle initiative visant à informer les consommateurs sur l’impact environnemental des produits textiles. Il a pour but de promouvoir une mode plus durable et de réduire l’empreinte écologique de l’industrie de la mode. Cette démarche s’inscrit donc dans une volonté de sensibiliser les consommateurs, mais aussi les producteurs. Concrètement, l’éco-score permet d’évaluer certains critères de fabrication et de logistique des textiles. Il permettra alors de produire un score PEF et un impact environnemental. Le score PEF (Product Environnemental Footprint) permet d’unifier l’affichage environnemental des produits du marché européen. Il regroupe différentes méthodes d’identification de consommation des ressources et d’empreintes environnementales liées à la fabrication.

Depuis peu, il est donc possible de calculer le PEF et l’impact environnemental des textiles grâce à la plateforme Ecobalyse. L’outil permet de détailler le cheminement des textiles parmi 8 catégories :

  • matières premières : détail selon le pourcentage de matières utilisées (acrylique, laine, lin, coton, polyester, cachemire, …)
  • transformation – filature : titrage du textile
  • transformation – tissage/tricotage : procédé et grammage
  • transformation – ennoblissement : teinture et impression
  • transformation – confection : % de pertes, % de stocks dormants, % de transport aérien.
  • distribution : uniquement en France pour l’étude
  • utilisation : étude selon la qualité du textile et sa réparabilité potentielle
  • fin de vie : uniquement en France pour l’étude

L’addition du score de ces éléments nous donne au final notre fameux score PEF et notre impact environnemental. Pour exemple, un pull (500 g) 100 % coton provenant d’Asie nous donne un score PEF de 2 963 µPts et un impact de 3 334 µPts. À titre de comparaison, un pull (500 g) 100 % coton provenant de France obtient lui un score PEF de 2 167 µPts et un impact de 2 438 µPts. Il est toutefois important de noter que cet outil est toujours en phase de construction. Par conséquent, ces calculs ne constituent pas un référentiel validé. Cela peut tout de même donner un aperçu potentiel de l’impact de vos productions. (µPts est une technique permettant de doser au milligramme près)

L’impact des nouvelles réglementations

L’affichage environnemental, la REP TLC, l’éco-score et les autres réglementations obligent les entreprises à revoir le cycle de vie de leurs produits. On retrouve donc de nouvelles innovations en matière de recyclage des matériaux, de transformation des déchets plastiques en fibres et d’utilisation de matériaux bio-sourcés.

Recyclage des textiles

Les vêtements sont souvent composés de mélanges de fibres. Par exemple, on retrouve du coton mélangé avec du polyester, ce qui complique leur recyclage en raison de la difficulté à séparer les matériaux. Aujourd’hui, des techniques avancées de tri et de traitement permettent de séparer les fibres de différentes natures. L’hydrolyse, la thermolyse contrôlée ou encore la séparation électrostatique permettent par exemple la séparation des fibres. Cette étape sera cruciale pour garantir la qualité de chacune des fibres. La fibre séparée sera ensuite traitée et transformée en nouveaux fils. Cela facilitera alors leur réutilisation dans de nouveaux vêtements. Outre la création de nouveaux vêtements, le recyclage des textiles permet aussi de créer de nouveaux matériaux isolants. Par exemple, on les utilisera pour le rembourrage de sièges, dans le renforcement de structures ou encore dans des cas d’isolation acoustique. 

Recyclage des déchets plastique

Il est maintenant possible d’exploiter les bouteilles en PET (polyéthylène téréphtalate) et d’autres formes de déchets plastiques pour les convertir en fibres de polyester recyclé. Après avoir été collectés, les plastiques sont nettoyés et broyés en petits flocons. Ces flocons sont fondus et extrudés pour former des fibres, qui peuvent être filées en fils de polyester recyclé. La qualité de ces fils est identique aux produits à partir de pétrole. Leur production offre alors l’avantage de contribuer à la réduction des déchets plastiques.

Utilisation de matériaux biosourcés

L’utilisation de matériaux biosourcés à partir de plantes ou de déchets agricoles offre également une alternative durable aux fibres traditionnelles. Par exemple, le lyocell est une fibre produite à partir de pulpe de bois durable avec une faible empreinte environnementale. On voit également de nouvelles innovations telles que les cuirs végétaux, fabriqués à partir de déchets de pomme, de feuilles d’ananas, ou encore de champignons. La soie d’araignée, reconnue pour sa force et sa flexibilité, est aussi reproduite synthétiquement pour la fabrication de vêtements. Ces innovations ouvrent alors la voie à de nouvelles esthétiques et textures dans le monde de la mode, mais permettent surtout de réduire les déchets toxiques pour l’environnement. 

Face à l’impact environnemental de l’industrie de la mode, l’introduction de réglementations plus strictes et d’initiatives comme l’éco-score en France marque un tournant décisif. Les réglementations et innovations montrent une voie prometteuse vers une mode plus respectueuse. Au final, il est essentiel de reconnaître que chaque étape du cycle de vie d’un vêtement offre une opportunité de minimiser son empreinte écologique, de sa conception jusqu’à son traitement en tant que déchet.

Vous êtes une entreprise dans le secteur du bâtiment ? Urbyn vous accompagne dans la gestion de vos déchets.

Sources :